Le Coin du Persifleur
LA DIRECTION COLLÉGIALE EST MORTE, VIVE LE LEADER MAXIMO
Le projet de loi portant réforme de l’Entreprise POST Luxembourg va introniser un «leader maximo». Dorénavant le Directeur Général décidera tout et de tout; fini la direction collégiale.
Mais en contrepartie, l’actuel Président-Directeur-Général de l’Entreprise POST Luxembourg va perdre son prestigieux titre de Président, et deviendra un aussi humble, que modeste, Directeur Général,.... pour la simple raison que le seul Comité de Direction qu’il présidait sera aboli.
Comme dans le nouveau Comité Exécutif de l’Entreprise, le Directeur Général dispose de pleins pouvoirs, inutile de présider une troupe de marionnettes qui n’ont pas voix au chapitre.
Mais rassurez-vous: ce n’est pas si grave que cela peut paraître.
De nos jours un titre de Président ça vaut ce que ça vaut. D’innombrables hommes et femmes peuvent se prévaloir d’un titre de Président(e), même si on ne sait toujours pas s’il faut s’adresser à ces dernières par Madame le, ou Madame la Président(e). On retrouve des Président(e)s dans les plus hautes fonctions politiques, économiques, culturelles etc., jusqu’aux fédérations de collectionneurs de timbres et éleveurs de poulets de race.
Comme le disait cet avocat-vedette qui régulièrement veille au divertissement des téléspectateurs: que de titres que de blasphèmes. Et il a raison; dans l’histoire des serviteurs du Bon Dieu il y a eu des papes (masculins et féminins), en passant par les évêques, jusqu’aux curés, mais jamais il n’y a eu de Présidents.
Donc le titre de Président, le DG de la POST Luxembourg, il pourra aisément y renoncer, ceci d’autant plus qu’il restera un « Général ». C’est important un titre de Général puisque c’est lui qui nomme et révoque ses Généraux adjoints, dirige de main de fer ses troupes, malléables et corvéables à sa merci, les envoie sur le front, se tient à l’écart des batailles et décampe dès que cela tourne mal,.... dans le cas qui nous préoccupe, moyennant ce qu’on appelle un «golden handshake».
De toute évidence les auteurs de la réforme POST Luxembourg qui laisse au seul Général la destinée de ses troupes n’ont jamais entendu parler de Georges Clemenceau qui disait (à peu près) que « la guerre est une chose trop grave pour être confiée aux Généraux ».
Finalement il ne faut pas oublier que la perte du titre de Président de POST Luxembourg, et par là la perte d’une lamentable indemnité spéciale de représentation, sera compensée par la faculté laissée au Directeur Général de proposer aux copains du Conseil d’Administration, le salaire qu’il croit mériter.
Il ne faut pas être particulièrement fort en mathématiques pour se rendre compte que la facture va être salée.
Cela n’est par ailleurs pas une surprise puisque dans l’exposé des motifs du projet de loi de la réforme POST Luxembourg on nous explique très bien qu’une bonne gouvernance détermine les relations entre les clients, propriétaires, personnel et tiers intéressés, sauf qu’on a oublié de préciser que par tiers intéressé on vise le budget personnel du Directeur Général.
La demande d’augmentation de salaire devra toutefois encore passer le cap du Conseil d’administration de la POST. Evidemment, cela fera des jaloux parmi les représentants de l’Etat dans ledit Conseil, mais comme ils n’oseront pas s’afficher, et comme les représentants du secteur privé n’ont pas de quoi être jaloux, bien au contraire, le Conseil acquittera majoritairement, mais avec un très grand soupir (réduction des coûts oblige), les aspirations du Directeur Général avec, en surplus, quelques gestes bien-pensants en faveur des Directeurs généraux adjoints et directeurs, au nombre indéterminé.
Les représentants du personnel dans le Conseil, avec leur habituelle humeur de dogue, rouspéteront au risque que tout excès de langue leur vaudra une mise en garde de la part du ministre pour médisance, à l’instar de ce qui arrive au turbulent président du Syndicat.
C’est ce qu’on appelle la démocratie participative.
le persifleur